Éloge des concours de beauté péruviens
Le long de la côte sud aride du Pérou, près des vastes vignobles d'Ica, ils sont mis à contribution pour piétiner les raisins dans de grandes cuves en bois.
Dans les hautes jungles humides de l'est, ils sont interrogés sur l'avenir de l'Amazonie, sur le dépouillement brutal de l'environnement naturel dans la quête du bois, de l'or et du pétrole.
Dans les altitudes froides des hauts plateaux andins, elles marchent en bikini dans l'air glacial de la nuit, les flashs des appareils photo éclatant sur la scène comme des flashs de museau.
Ce sont les futures reines de beauté du Pérou, une race rare qui brave l'inquisition verbale et oculaire de ses pairs et des juges dans sa quête d'une célébrité nationale et mondiale.
Il s'agit des concours de beauté du Pérou, où les candidates se disputent les titres de Miss Tarapoto, Miss Ica ou Miss Piura, où les reines nouvellement couronnées gagnent le droit de concourir pour Miss Pérou et, un jour, peut-être, Miss Monde.....

Le couronnement de Miss San Martin à Tarapoto, au Pérou (photo © Tony Dunnell)
"Hey Man, Let's Go Watch a Beauty Pageant" (Hé mec, allons voir un concours de beauté)
Lorsque je suggère avec enthousiasme d'aller à un concours de beauté local, je reçois généralement des regards étranges. "Pourquoi ? Pourquoi, diable, voudrions-nous aller à un concours de beauté ? Nous ne faisons jamais cela chez nous, pourquoi le ferions-nous au Pérou ?"
C'est une réaction tout à fait raisonnable. Je n'ai jamais participé à un concours de beauté au Royaume-Uni. Je n'ai jamais envisagé d'y participer et je ne le ferai probablement jamais.
Mais depuis que j'ai assisté à mon premier concours de beauté à Tarapoto, au Pérou, je suis accro. Certains penseraient peut-être qu'il s'agit d'une dépendance sale et secrète, faite de plaisirs voyeuristes, de photographies sournoises et de pensées solitaires.
Oh, non, je vous le dis. J'assiste aux concours de beauté au Pérou parce qu'ils sont un peu stupides, souvent drôles et parfaitement excentriques, d'une manière merveilleusement péruvienne.

La reine des récoltes d'Ica sourit avec appréhension aux côtés d'un groupe de costumes locaux. Elle sait qu'elle devra bientôt piétiner des raisins pour les caméras... (photo © Congreso de la Republica del Perú, flickr.com)
Sauver l'Amazonie un sourire à la fois
Les concours de beauté, où qu'ils soient organisés, sont intrinsèquement étranges. Il s'agit de juger la beauté féminine perçue selon des critères fallacieux mais largement acceptés, avec quelques questions stupides pour bien montrer qu'il s'agit plus d'une question d'esprit que de corps. C'est sûr.
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Si l'on ajoute à cela quelques touches typiquement péruviennes, on obtient un mélange enivrant et souvent étrange.
Les concours de beauté péruviens - du moins les concours régionaux - commencent généralement tard et se terminent tard, et les choses ne se passent pas toujours comme prévu. Les intermèdes musicaux tombent parfois à plat. Les microphones tombent en panne. Personne n'applaudit. Et les organisateurs de l'événement diffusent des chansons pop en anglais qui, à leur insu, sont truffées de jurons.
Il n'est pas rare, par exemple, de voir une jeune reine de beauté aux yeux brillants une jeune reine de beauté aux yeux brillants monter sur scène au son d'Eamon chantant "f*ck you, you ho, I don't want you back" (va te faire voir, sale pute, je ne veux plus te revoir).
Les candidats se voient toujours poser des questions ridiculement vastes ou excessivement lourdes concernant, par exemple, les méthodes pour accroître le tourisme dans la région, sauver la jungle de l'exploitation forestière illégale ou la meilleure façon de promouvoir la cuisine péruvienne sur le marché mondial.
Main sur la hanche, sourire figé, les candidats tentent de répondre du mieux qu'ils peuvent : une scène bien répétée qui n'en reste pas moins tendue, le moindre bégaiement ou trébuchement étant amplifié à un degré effrayant. Le moindre faux pas dans le ton ou la cadence - ou pire, une réponse complètement oubliée - suffit à briser le sourire forcé, ne serait-ce qu'un instant, et à faire naître une vague d'appréhension du candidat à la foule.
Je sais qu'il est assez aléatoire d'écrire sur les concours de beauté péruviens sur un blog consacré au voyage en sac à dos. Mais je pense sincèrement que je pourrais écrire un livre sur les innombrables façons dont ces concours reflètent certains aspects de la société péruvienne. Je pourrais, mais personne de sensé ne l'achèterait, et encore moins ne le lirait.
Je vous laisse donc sur cette dernière recommandation : si vous avez l'occasion d'assister à un concours de beauté au Pérou - idéalement quelque chose de régional plutôt qu'un grand événement de Lima - ne vous en privez pas. Les concours sont amusants, ils peuvent être drôles et parfois farfelus, et vous pourriez bien finir par éprouver un nouveau respect pour ces beautés péruviennes rayonnantes.
Je sais que c'est le cas.

Giuliana Zevallos, couronnée Miss Earth Perú 2008 et Miss Perú 2010, représentant le Pérou à Miss Earth 2008. Elle a ensuite concouru pour le titre de Miss Univers 2010 (photos © Speedracer05, Wikimedia Commons).
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